On connait mal l'histoire de Malte, on devine qu'elle a un rapport avec les chevaliers de l'Ordre de St Jean, sans savoir ni quand ni comment. Et on ignore tout ce qu'il y a eu avant et ce qui aura lieu après.
La première trace de l'homme à Malte date de 5000 avant JC. Comme le reste de l'Europe, Malte se couvre de monuments mégalithiques entre le Vème et IIème millénaire avant JC. Mais la précocité des constructions distingue Malte du continent européen, avec des constructions géantes s'accompagnant de réalisations d'effigies humaines, modelées ou taillées, dont la plus petite mesure 4mm, et la plus grande 2,75m.
Sans qu'on en connaisse la raison, la civilisation des batisseurs s'arrête autour de -2500.
Du VIIIème au Vème s., les Phéniciens, ce peuple marchand des mers, occupe Malte. Colonie ou comptoir? Il en reste la base de la langue maltaise, enrichie plus tard par la langue arabe. A la même époque, les grecs colonisent la Sicile, et se posent en rivaux des phéniciens. Ils fondent une colonie à l'emplacement de l'actuelle Mdina, et adoptent un régime démocratique de type athénien.
En 480 avant JC, Carthage chasse les Grecs, et développe les ports. En 218, les carthaginois sont à leur tour chassés, par les Romains cette fois. Au 1er s., l'apôtre Paul échoue à Malte. De là date la christianisation de l'île.
La paix romaine durera six siècles, et prendra fin avec les invasions des Vandales, Ostrogoths, puis des Bysantins.
En 870, c'est au tour des arabes d'envahir l'île. Malte est alors un atout majeur dans le contrôle de la Méditérranée. C'est sa destinée.
En 1090, les Normands de Sicile incorporent l'île à leurs possessions, profitant des divisions entre les musulmans et l'empire bysantin. Les arabes n'en sont pas chassés pour autant, l'archipel maltais devient la passerelle outre-mer des pèlerins et des croisés. Chrétiens, juifs, et musulmans vivent en bonne intelligence. En 1130, la Sicile est érigée en royaume. Malte partage pendant quatre siècles le sort de la Sicile et de l'Italie du Sud. L'aristocratie parle italien, la population se rechristianise.
En 1479, Malte revient aux rois catholiques d'Espagne. C'est en 1530 que Charles Quint offre Malte à l'Ordre hospitalier de St Jean de Jérusalem, en recherche d'un territoire après avoir été chassé de Rhodes par l'empire ottoman. Il deviendra bientôt l'Ordre de Malte, avec pour mission de contrer la poussée de des turcs ottomans dans le bassin méditérranéen.
Les chevaliers restent maîtres de l'île jusqu'en 1798, poussés dehors par Bonaparte qui y fait escale sur le chemin de l'Egypte. Il séjourne six jours à La Valette, le temps d'apporter des réformes organisationnelles et juridiques définitives. Mais les français ne savent pas se faire accepter par la population, qui se révolte pour finir par offrir l'île aux anglais.
La domination anglaise, mal vécue par la population, restera jusqu'en 1974, une constitution républicaine est alors adoptée. Les anglais quittent définitivement l'île en 1979 (photo ci-contre). D'abord membre du Mouvement des non-alignés, Malte se rapproche des pays communistes, puis des pays arabes et de la Libye, avant d'intégrer l'Union Européenne en 2004 et la zone euro en 2008.
Petite île de la Méditérranée, Malte a subi toutes les invasions, pour n'être qu'une colonie ou un comptoir des puissances dominantes. Elle est devenue cependant une puissance indépendante, n'acceptant jamais l'autorité de son dernier occupant, les anglais. Elle le doit à mon sens à l'Ordre de Malte, dont l'autorité est venue de l'extérieur certes, mais qui ne représentait pas une puissance étrangère, et n'en recevait pas d'ordres. Car l'Ordre de Malte est un ordre souverain.
En ce sens, l'Ordre a donné à Malte sa propre histoire, à la différence des autres îles, la Corse par exemple, qui sont passées de dominants en dominants, sans jamais vivre l'indépendance.